Dès 11 ans
Comme une évidence. La bibliothèque Simone-Lagrange à Meylan accueille la nouvelle exposition « Simone » conçue par le musée de la Résistance et de la Déportation de l’Isère, la Médiathèque départementale de l’Isère et les éditions Glénat.
Cette exposition, appelée à circuler, s’appuie sur la bande-dessinée « Simone » de Jean-David Morvan (scénario) et David Evrard (dessin) éditée chez Glénat. Le deuxième tome vient de paraître. Elle retrace le destin hors du commun d’une résistante.
Une exposition didactique
L’exposition présente 14 panneaux qui retracent la vie tragique mais pleine d’espoir de Simone Lagrange. Celle-ci est née à Saint-Fons dans le Rhône, sous le nom de Simy Kadosche en 1930. Elle est issue d’une famille de confession juive originaire du Maroc. Son père est venu en France travailler dans les usines de chimie de Saint-Fons. Très jeune, pendant l’Occupation, la jeune Simy distribue des tracts de la Résistance. Mais la famille est dénoncée par une personne que la famille hébergeait. Elle est arrêtée le 6 juin 1944, embarquée au siège de la Gestapo à Lyon puis incarcérée à la prison de Montluc. Simy est torturée durant plusieurs jours par Klaus Barbie. Simone sera transférée à Drancy puis déportée avec sa mère au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Elle seule survivra. Elle sera rapatriée en France le 27 mai 1945. Toute sa vie, elle témoignera sur la Shoah. Elle sera un témoin capital dans le procès de Klaus Barbie en 1987 devant la Cour d’assises de Lyon. Elle est décédée en 2016.
L’exposition prolonge la bande-dessinée et apporte des notions historiques comme le procès Barbie, les atrocités commises par Josef Mengelen, l’organisation des camps d’extermination, le travail des époux Beate et Serge Klarsfeld. Le contexte historique et la politique de persécutions qui a mené à la Shoah sont illustrés par des photos d’archives et des extraits des deux premiers tomes de la bande-dessinée. Dans un langage simple, elle permet de comprendre notre histoire.
L’exposition est à la bibliothèque Simone Lagrange à Meylan jusqu’au 29 juin 2024. Elle sera amenée à circuler gratuitement dans d’autres lieux qui en feraient la demandes (établissements scolaires, médiathèques, associations, etc.)
La bande-dessinée
En découvrant l’histoire de Simone Lagrange, Iséroise d’adoption, Jean-David Morvan et David Evrard s’en sont emparés pour la raconter au plus grand nombre dans un triptyque de bande dessinée paru aux éditions Glénat. Le premier tome « Simone 1 : Obéir, c’est trahir » est paru en mars 2022. Le tome 2, « Simone 2 : Tu entres par la porte mais tu sortiras par la cheminée » est paru en janvier 2024. Le troisième tome est en préparation. « Simone » raconte le parcours de Simy Kadosche, (devenue Simone Lagrange), cette femme dotée d’un caractère bien trempé, mais aussi de résilience et son destin incroyable.
Au scénario du tome 1 : Jean-David Morvan, Séverine Tréfouël et au dessin, David Evrard. Le trio avait déjà collaboré sur la série « Iréna » (toujours aux éditions Glénat) qui raconte l’histoire d’Irena Sandlerowa, une travailleuse sociale polonaise qui a sauvé 2500 enfants juifs du ghetto de Varsovie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le coloriste est Walter Pezzali et son travail permet de comprendre facilement les allers-retours entre le passé et le présent. Dans le tome 2, Jean-David Morvan et David Evrard ont poursuivi leur collaboration, accompagné cette fois de Benoît Bekaert à la couleur.
Le récit est poignant et émouvant. Percutant. La bande-dessinée s’adresse à tous les publics et même si les auteurs ne montrent pas les horreurs subies par Simy, aucune cruauté n’est omise. La réalité est montrée clairement mais sans morbidité. La lecture sera donc plutôt recommandée vers 10 ans et plus. Les albums sont très réussis. Ils montrent la difficulté de cette période, l’entraide des uns, les trahisons des autres, la folie meurtrière de quelques-uns et la résilience de celles et ceux qui ont réussi à en échapper. Au-delà de l’histoire incroyable de Simone, son importance cruciale dans le procès Klaus Barbie, la BD permet d’aborder tous les thèmes de cette tragique période de l’histoire contemporaine et de faire mémoire. On ne peut hélas en la lisant, ne pas faire de parallèles avec d’autres tragédies plus récentes.
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