Juliette Bourbon, doula, nous livre son second article* sur la construction émotionnelle de l’enfant.
La relation de bienveillance est une condition nécessaire au bon développement du cerveau des enfants. Avant 5 ans environ, le jeune enfant est dominé par son cerveau archaïque et son cerveau émotionnel. Il est incapable de réguler ses émotions. Celles-ci ne sont que tempêtes (peurs incontrôlées, colères explosives, immenses chagrins, frustration). Il ne s’agit pas de caprices, ni de troubles pathologiques du développement, mais d’un comportement dû à l’immaturité de son cerveau. Les tensions et les conflits font partis du processus qui mène d'un stade de développement au suivant. L'adulte doit aider le jeune enfant à faire face et à surmonter ces crises pour qu’il puisse continuer à progresser.
Les structures cérébrales permettant la prise de recul sur les situations/émotions atteindront leur maturité autour de 5, 6 ou 7 ans. Rapportée à la durée de vie, l’immaturité cérébrale de l’être humain est plus longue celle de toutes les autres espèces vivantes !
Le cortisol : cette hormone aux effets délétères sur le cerveau de l’enfant
Quand on laisse un bébé ou un enfant face à sa détresse ou sa colère, l’amygdale cérébrale (qui reçoit les informations sensorielles et réagit face à celles-ci) active la sécrétion des molécules du stress : cortisol et adrénaline. Or, le cortisol est extrêmement néfaste pour le cerveau de l’enfant : un taux élevé ou prolongé de cette hormone peut détruire des neurones dans des zones essentielles du cerveau et conduire, à terme, à de nombreux troubles du comportement (agressivité, anxiété, difficultés d’apprentissage).
Materner, la clef du bon développement de l’enfant
On entend par « maternage » la réponse aux besoins primaires et aux émotions du jeune enfant. Bien que relié grammaticalement à la « mère », ici le mot materner n’exclut absolument pas l’importance de la place du coparent dans la dispense de ses soins.
Pour revenir à nos moutons, le « maternage » (câliner, prendre soin, sécuriser, rassurer, consoler) stimule la sécrétion de dopamine, d’endorphines, de sérotonine et d’ocytocine ; hormones qui ont des effets très positifs sur le développement de l’enfant : plus de résistance au stress, développement des facultés intellectuelles et affectives, diminution de l’anxiété, augmentation de l’empathie, de l’amour, de l’amitié, de la capacité de coopération. Cette proximité corporelle et psychique permettra l’autonomisation et la confiance de l’enfant.
Exemple des bénéfices du peau à peau et du portage
Le portage, l’étreinte, le toucher, sont donc des actions déterminantes dans le bon développement de l’enfant autour desquelles certaines unités de néonatalogie ont décidé de travailler. Ainsi, les unités kangourou ont pu voir le jour. Elles encouragent les parents à porter en peau à peau leurs enfants prématurés pour un maximum de bénéfices (régulation de la température corporelle, du rythme cardiaque et respiratoire, meilleure création du lien d’attachement…). Depuis, ces mêmes pratiques liées au « portage » se développent dans les crèches et chez les assistantes maternelles.
L’acquisition des bases et l’exploration du monde
Pour conclure, le maternage regroupe un ensemble de techniques visant à intégrer et répondre aux besoins d’un tout petit mais aussi à prendre en considération les émotions de celui-ci. Par cette pratique bienveillante l’enfant acquiert un sentiment de protection renforcé qui lui permettra par la suite d’être le plus autonome et sécure possible pour explorer son monde. Il est important de noter que bienveillance n’est pas synonyme de laxisme car en effet un enfant a besoin de cadre pour sécuriser son développement. La bienveillance implique qu’elle soit basée sur le respect des rythmes de l’enfant mais c’est aussi l’apprentissage d’un cadre de vie (poser des limites, indiquer les dangers, proposer une direction…) pour le rendre autonome, responsable et confiant.
Lire le premier article de Juliette Bourbon sur son rôle de doula.
https://www.minizou.fr/vie-pratique/education/3419-isere-quest-ce-quune-doula?highlight=WyJqdWxpZXR0ZSJd
Article écrit en décembre 2023